Les défis d'Israël

Les défis d'Israël Par Joël Rubinfeld

Niché à l’orée du monde arabe, l’Etat d’Israël est un nain territorial qui, depuis les premières heures, évolue en milieu hostile. 21 des 23 pays du bloc arabo-iranien (720 fois la superficie d’Israël) qui l’entourent ne reconnaissent pas son existence. L’un d’eux appelle ouvertement à sa destruction et ne ménage pas les efforts pour se doter des moyens idoines. À ces relations de mauvais voisinage viennent de s’ajouter les deux fronts ouverts par le Hamas et le Hezbollah.

Les enjeux de la crise qui secoue le Proche-Orient dépassent largement le cadre de la libération des trois soldats israéliens. Comme en 1948, en 1967 et en 1973, c’est à une menace stratégique que Tsahal doit aujourd’hui répondre. Le contexte : la Palestine vient de basculer dans les mains du Hamas, le Hezbollah a depuis peu des ministres dans le gouvernement libanais, la Syrie confirme son statut de sanctuaire du terrorisme international et l’Iran est en passe de forcer les portes du club nucléaire. Agissant en coulisses, Damas et Téhéran laissent au couple Hamas-Hezbollah le soin de mettre en œuvre les projets du quatuor. Cette alliance contre-nature entre sunnites palestiniens et chiites libanais est, à la réflexion, assez cohérente : tous deux partagent les mêmes priorités (rayer Israël de la carte et instaurer la Charia dans leurs pays respectifs), tous deux sont des mouvements politico-terroristes récemment arrivés au pouvoir par la voie des urnes, tous deux s’inscrivent dans un projet idéologique sans frontières. On en a marié pour moins que cela…

 Mais ces éléments ne semblent guère compter pour les traditionnels contempteurs de l’Etat hébreu. Paradoxalement, ceux qui aujourd’hui s’échinent à faire porter à Israël le chapeau pour la crise déclenchée par les islamistes sont également ceux qui, d’ordinaire si prompts à dégainer les résolutions onusiennes, ont gardé le silence face aux violations répétées du droit international par le Hezbollah ces six dernières années.

 Rappel des faits. Au lendemain du retrait des troupes israéliennes du sud Liban, en mai 2000, le Hezbollah déploie ses hommes dans la zone contrôlée jusque-là par Tsahal. À la tête d’un arsenal qui ferait pâlir d’envie plus d’un potentat en exercice, les islamistes libanais comprennent toutefois que l’heure de la grande bataille n’est pas encore venue. Ils se contenteront donc de harceler les garde-frontières israéliens, tireront çà et là de meurtriers missiles Katyoucha sur les villes septentrionales de l’Etat hébreu, et tenteront plusieurs incursions en territoire ennemi afin d’y capturer des soldats.

 On pouvait, pourtant, raisonnablement prêter aux désengagements du Liban et de la bande de Gaza des vertus pacificatrices. C’est exactement le contraire qui s’est produit. Les retraits israéliens ont galvanisé les terroristes libanais et palestiniens. Avant même l’enlèvement du soldat Shalit par le Hamas, 700 roquettes palestiniennes s’étaient abattues sur le sol israélien depuis le retrait de Gaza. Le Hezbollah, lui, justifie la poursuite de la « résistance » en arguant d’une prétendue occupation des « fermes de Chebaa », alors que tout le monde, le Hezbollah en premier, sait pertinemment qu’elles n’ont jamais appartenu au Liban mais bien à la Syrie (entériné par la résolution 425 de l’ONU, ce fait l’est aussi, non sans une certaine ironie, par la carte du pays du Cèdre reprise sur le billet de banque de 1.000 livres libanaises).

 Alors que faire ? Les Israéliens vivant dans les villes proches de Gaza doivent-ils s’en tenir à scruter le ciel dans l’attente des deux missiles délivrés quotidiennement par leurs voisins palestiniens ? Doivent-il continuer à enterrer leurs morts sans ciller ? Les 750.000 habitants du nord d’Israël doivent-ils se résigner à vivre sous la menace des 12.000 missiles du Hezbollah ? Ce serait là exiger d’Israël ce que nulle nation qui a les moyens de se défendre ne serait prête à accepter.

 D’aucuns commencent à le comprendre au sein du monde arabe. Les autorités saoudiennes en ont surpris plus d’un en dénonçant, sans les nommer, le Hezbollah et ses sponsors : « Une distinction doit être faite entre la résistance légitime et les aventures aux conséquences incalculables entreprises par des éléments opérant au Liban [le Hezbollah] et ceux qui les soutiennent (…). Ces éléments doivent assumer la responsabilité de leurs actes irresponsables, et eux seuls doivent mettre fin à la crise qu’ils ont créée ». Émanant d’un pays qui ne reconnaît toujours pas l’existence d’Israël, ces propos devraient inciter certains à faire preuve d’un peu plus de discernement avant de distribuer les bons et les mauvais points.

 Richelieu a dit : « L’homme est immortel, son salut est dans l’autre vie. L’État n’a pas d’immortalité, son salut est maintenant ou jamais ». Si la première assertion est discutable, la seconde illustre avec exactitude le lot de l’Etat juif depuis 1948.

 Joël Rubinfeld est président de l'Atlantis Institute

 

http://www.atlantis.org/publications_rubinfeld020.html

 

 

 

 

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